Un nouvel IFP Solaize (avec quelques corrections ou rajouts) !

Histoire_du_CEDI_Ren__Navare

Un nouvel IFP Solaize !

Les photos de la dé-construction du bâtiment Béryl d'IFPEN Solaize n'ont pas laissé insensibles de nombreux collègues retraités ( je pense surtout à la soixantaine de pionniers de l'époque ) comme actifs ayant quelques années d'anciennetés. En effet c'est une partie de notre vie professionnelle et passée qui disparaît en deux tas de béton et de ferraille. Pourtant, cette transformation était inscrite dans le programme de rénovation du centre , encore appelé CEDI René Navarre, dès la prévision du transfert des activités de recherche Cinétique, Catalyse, Séparation et Analyses qui a eu lieu en 2001. 

Dans les années 1995-96, la direction du centre venait de changer. Pierre Trambouze, Gaston Mayeur, Jean-Pierre Wauquier partaient en retraite. Jean Gaillard (qui était aussi au nombre des pioniers fondateurs) était nommé directeur du centre. Un grand projet de rénovation était lancé sous l'égide de Georges Picard, nouveau directeur adjoint d'IFP et d'Eliandre Laurencin grand ordonnateur des services généraux d'IFP ( Lui aussi ancien pionnier du  CEDI avait été muté à Rueil quelque temps plus tôt).  Un cabinet d'architectes attaché à l'étude était chargé d'étudier la rénovation du Centre. Ce cabinet nommé opportunément du nom de « Picard » vint alors faire un état des lieux et proposa un projet d'avenir. Les bâtiments anciens, certains vétustes, avaient à l'époque été répertoriés sous la houlette de Jean Gaillard bien entendu, mais également de Jacques Alagy, Maurice Cessou autres pionniers de la création du CEDI. Les zones de stokages de futs, de matériels, et autres merlons devaient être « rationalisées » pour dégager la surface nécessaire aux futures constructions du transfert. Des équipements venant de diverses campagnes à Lacq, Souston, voire des divisions de l'Amont, remplissaient les auvents dans l'espoir d'une hypothétique deuxième vie. Il me souvient, d'avoir vu notre collègue Serge Fouqueau alors qu'il m'emmenait sous un auvent, tomber en admiration (nostalgie quand tu nous tiens) devant les compresseurs Brissonneau qui avaient été ramenés de Lacq après la campagne de la mission mémorable de l'isoprène . 

Pour en revenir au programme de rénovation, …, les bâtiments 03, 19, 21, 25, … devaient rapidement disparaître pour être remplacés par Emeraude, Dolomite, Cryolite, Anatase,... 

Dans la même période le nom CEDI (Centre d'Etudes et de Développement Industriel) René Navare devait être changé, il n'était plus adapté à l'évolution du centre. On faisait déjà des essais moteurs, on allait faire de la recherche en catalyse, en séparation, analyses et toujours du développement Industriel, bien entendu. Le centre était rebaptisé en grande pompe  IFP-Lyon, bien que, peut de temps avant, on avait inauguré une plaque commémorative au nom du père fondateur de l'IFP René Navarre. Le département du Rhône avait en effet promis en échange de cette nouvelle appelation une belle subvention.

Ce fut déjà un petit pincement au cœur (et on ne s'étendra pas sur la douleur de François Pierre Navarre qui a l'époque venait tout juste de partir à la retraite) pour tous ceux qui avaient crée, développé cette activité de développement industriel, laquelle entre leurs mains était devenue une science à part entière, indispensable pour construire et vendre les procédés IFP. (La Diection industrielle d'IFP, devenue maintenant AXENS, ne nous contredira pas.)

Mais, il faut le reconnaître très sincèrement, ce plan bâti sur le long terme et incluant avec le transfert de certaines activités depuis Rueil a permis à l'établissement de Solaize de devenir un grand centre moderne de R&D. Cette évolution promettait donc un avenir indiscutable au site. 

Il n'empêche que toutes ces mutations ont déjà pu être ressenties par certains anciens comme une volonté de reprendre en main ceux qui avaient créer à l'origine cette science du développement insdustriel. Il s'agissait en fait de l'originalité du CEDI qui donnait un pouvoir fort à l'équipe en place. Tous les clients de la direction industrielle , puis d'Axens venaient et viennent certainement encore visiter le centre, voir fonctionner leurs futurs procédés à Solaize. 

La destruction de Béryl, dans le plan élaboré fin des années 1990, était prévue pour la période 2016, de mémoire. C'est arrivé en 2020 ! Ce bâtiment tout en courbe avait été conçu par un architecte grand prix de Rome. On lui avait donné à l'époque consigne de faire une façade masquant les installations industrielles de l'arrière plan. C'était réussi et original, d'autant que vue du ciel, la rotonde et béryl représentaient un noyau aromatique et sa chaine aliphatique accrochés sur un atome de carbone du noyau.

Reste le noyau, la rotonde, Opale, identifié par l'architecte Picard, comme le signal de l'IFP-Lyon nouveau, sur l'axe nord-sud.

Mais ce bâtiment est-il toujours adapté aux tests d'aujourd'hui que le savoir des équipes IFPEN a su miniaturiser (en négligeant peut être le fait qu'aujourd'hui l'absence d'unité pilote intermédiaire rend souvent nécessaire le passage par une unité de démonstration qui par le passé avait été généralement contournée) . 

Le « Camembert » est classé aux monuments historiques industriels du Xxème siècle, sans contrainte cependant, survivra-t-il à la recherche de surface pour des constructions nouvelles ? Peut-être saura-t-on conserver son architecture en transformant son intérieur ? Les chimistes vous diront que casser un noyau aromatique est beaucoup plus difficile (et énergétique) que détacher ses chaines latérales.